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30 juillet 2008 3 30 /07 /juillet /2008 14:33
Aymeric Monville, qui nous avait déjà fait part de ses réflexions sur le dernier livre d'Alain Badiou, s'attaque maintenant à la pensée de Slavoj Zizek. Le débat est ouvert...

Liquidation, décroissance et Zizek

Les idées dominantes étant celles de la classe dominante, il n’est guère étonnant que l’anti-productivisme à la mode chez les couches moyennes, puisse trouver ça et là un écho au cœur des organisations ouvrières. Ce qui, par contre, est plus préoccupant, c’est l’empressement de la direction de notre parti à faire désormais de cette idéologie le nouvel horizon indépassable de notre temps. Ainsi l’Humanité, qui à défaut d’être le journal du Parti communiste se contente d’être celui de sa direction, donnait un bien étrange compte-rendu des discussions internes au parti. Rien bien entendu sur la révolte qui gronde contre la ligne de mutation-liquidation. Au contraire, selon le quotidien, les militants ne parlent entre eux que de décroissance, développement durable et renoncement au productivisme :

« Une idée émerge : au coeur du projet des communistes doit être placé un développement qui implique le dépassement de toutes les formes de domination et d’exploitation de l’homme par l’homme, de la femme par l’homme, de la nature par l’espèce humaine. Pour les communistes, cela impliquerait un renoncement définitif au modèle productiviste. Croissance, décroissance, nouvelle croissance, sont des options en débat.»  

(Olivier Mayer, « Le monde, le développement, l’union, le projet, le Parti : regards nouveaux », l’Humanité, 14 juin 2008. )

La nature exploitée ?

Il serait souhaitable que l’Humanité cessât d’attribuer, par le procédé très douteux des comptes-rendus de débats, des propos aussi ineptes aux camarades.

Lorsque le communisme se pose pour but de mettre fin à l’exploitation de l’homme par l’homme, il prend «l’homme » au sens générique pour manifester immédiatement que deux sujets entretiennent une relation sociale inégale (capitaliste et ouvrier), relation qu’il s’agit d’abolir, au nom, précisément, de l’humanité générique. Le tour de passe-passe consiste ici à abstraire graduellement ce rapport de ce contenu social concret, donc de vider de sa substance le motif premier de la lutte ; de la domination sociale du capitaliste sur l’ouvrier on passe à la domination ontologique de l’homme sur la nature. Le communisme n'est plus la lutte contre l'exploitation de l'homme par l'homme, mais la lutte contre le concept d'exploitation, de domination. Ainsi, le bûcheron qui coupe des arbres pour construire sa maison est mis sur le même plan que le capitaliste qui exploite l’ouvrier. Il suffira donc seulement de montrer que le productivisme est une « domination » de l’homme sur la nature pour faire de la décroissance le véritable aboutissement du projet «communiste », avec une facilité déconcertante.

Ce dualisme entre nature et histoire humaine montre que ces prétendus communistes, voire marxistes, voire « post »-marxistes en sont encore restés, au mieux, au subjectivisme kantien. S’ils ne sont même pas arrivés au niveau de Schelling, en revanche, ils se sont trouvé une nouvelle coqueluche : le philosophe Slavoj Zizek.

Un contresens sur la technique

L’homme de Neandertal « exploitait » déjà la nature en faisant des outils.  L’histoire de l’humanité n’est qu’une succession de modes de production. Et la nature de producteur n’a rien à voir avec le mode de production, contrairement à ce qu’affirme Slavoj Zizek, pour qui « le communisme marxiste, cette idée d’une société fondée sur une pure productivité extérieure à la structure du Capital, était un fantasme constitutif du capitalisme lui-même : sa transgression essentielle sous sa forme la plus pure ». (Slavoj Zizek, Fragile absolu. Pourquoi l’héritage chrétien vaut-il d’être défendu, Flammarion, Paris 2008, p. 31.)

Zizek confond productivité et production.  La productivité, c’est la production ramenée au temps de travail nécessaire à cette production. Dans toute société où on produit, c'est-à-dire depuis le début de l’histoire humaine, il y a donc productivité. C’est une notion quantitative totalement objective, banale. Notre philosophe s’en tire comme il peut en adjoignant l’épithète « pure » (???) qui donne subitement à ce concept banal une coloration mystérieuse, transcendantale, « fantasmatique », contre laquelle, bien évidemment, il est facile d'opposer sa raison. 

Ce qui, pour reprendre sa terminologie, est de l’ordre du fantasme, c’est bien l’idée qu’on pourrait en finir avec la production, diviniser le statu quo en mythifiant la nature. Dès que l’homme est confronté aux éléments naturels, c’est-à-dire menacé par eux, il ne peut s’empêcher de réagir par son activité.  Il est aussi poussé par ses besoins, notamment suite à sa sédentarisation : invention de l’agriculture, irrigation, construction des premières cités, etc. Les problèmes – éventuels – de mauvaise gestion des ressources naturelles restent un problème interne à la production.

Leroi-Gourhan nous mettait déjà en garde contre toute illusion d’un mouvement des mutations technologiques envisagé séparément des aptitudes et qualifications humaines, et hors de l’ensemble des rapports sociaux. Le développement technique ouvre simplement, pour l’ensemble de l’humanité et l’ensemble des rapports sociaux, un champ nouveau de possibilités, exigences, contraintes, risques. Et la manière dont les forces productives sont utilisées dépend des luttes en cours. Il faut abandonner en la matière toute conception positiviste, mécaniste ou finaliste.

C’est d’ailleurs pourquoi les récentes déclarations de Marie-George Buffet, à la réunion hautement symbolique de Tours, sur la nécessité de passer « du productivisme au développement durable » nous laissent sur notre faim. Elles ne posent pas la question pourtant essentielle : qui détient les moyens de production ? Envisager la production indépendamment de la formation, de la maîtrise des forces productives et des rapports de production, c’est faire régresser le mouvement ouvrier aux temps du luddisme.

En tout cas, nous ne pouvons pas accepter que les problèmes environnementaux auxquels nous sommes – ou pas – confrontés soient envisagés sous l’angle de la critique de la production, voire de celle la technique supposée aliénante en soi, puisque Zizek se place en ce domaine sous les auspices d’Heidegger.

Marx corrigé par Heidegger ?

En effet, le philosophe slovène pose délibérément les questions d’organisation de la production dans une alternative singulière, à mi chemin entre Marx et Heidegger :

    « Où en est-on aujourd’hui dans cette alternative qui oppose l’analyse marxiste classique (le capitalisme conçu comme une formation sociale concrète) aux tentatives – de Heidegger jusqu’à Adorno et Horkheimer – qui voient dans la folle danse capitaliste de la productivité l’expression d’un principe ontologico-transcendantal plus fondamental (« la volonté de puissance », « la raison instrumentale »), également à l’œuvre dans les tentatives communistes pour dépasser le capitalisme, et qui concluent à ce titre – comme Heidegger l’a formulé à une identité métaphysique de l’Américanisme et du Communisme ? »

Zizek conclut que « les deux camps ont tort ». Et il ajoute :

    « L’erreur fondamentale de Marx a été de conclure, sur la base de ces avancées, à la possibilité d’un nouvel ordre social supérieur (le Communisme), d’un ordre qui non seulement maintiendrait, mais aussi réaliserait la spirale productiviste perpétuellement en excès, laquelle, dans le capitalisme, en raison de sa contradiction ou de son obstacle constitutif, est continuellement déjouée par les crises économiques socialement destructrices. »

(Slavoj Zizek, Fragile absolu, op. cit., p. 30.)

 On voit mal comment l’on pourrait passer au communisme par un arrêt des forces productives dès le capitalisme. Ce en quoi il rejoint d’ailleurs un Badiou qui rajoute, dans la lignée des Fourrier, Proudhon et consorts, que le communisme doit être réalisé par « expérimentations locales » (Alain Badiou, De quoi Sarkozy est-il le nom ?, Nouvelles Editions Lignes, Paris 2007, p. 155). Est-ce ainsi que l’on espère lutter contre le capitalisme et faire dépérir l’Etat ? Marx aimait à dire : donnez-moi le moulin à vent et je vous donnerai le Moyen-Âge. On peut ajouter que si l’on nous ramène ainsi au Moyen-Âge, c’est plus au féodalisme qu’au communisme que nous retournerons. Quant à l’arrêt de la logique productiviste dans un îlot local où le communisme à la Badiou-Zizek aurait triomphé – d’ailleurs on ne sait par quel miracle –, je ne donne guère cher de sa survie face à l’armada des puissances capitalistes.   

C’est d’ailleurs l’absence de réflexion sur la période de transition au communisme et la formation historique concrète des pays socialistes qui intrigue le plus chez nos deux penseurs, lesquels préfèrent s’en tenir à des généralités péremptoires sur le « stalinisme », phénomène dont ils ne proposent aucune conceptualisation sérieuse et auquel ils réduisent toute l’histoire des pays socialistes. Ce qui caractérise Badiou et Zizek, c’est que sous prétexte ne pas vouloir réitérer les erreurs du stalinisme, ils vont imputer ces erreurs non à des circonstances historiques précises, mais l’un (Badiou) aux fondements mêmes de l’organisation léniniste et l’autre (Zizek) à l’idéologie productiviste, en oubliant complètement que c’est le développement des forces productives qui rend le renversement du capitalisme possible.

Je précise que les thèses de Zizek et Badiou font presque désormais fonction de philosophie officielle du parti. En effet, l’Humanité a endossé la responsabilité de faire distribuer par les militants leur interview double: « Que peut la philosophie pour la politique ? » Intitulé auquel on aurait malicieusement envie de répondre : « que peut la politique pour la philosophie ? »
 
Mais puisque nous évoquons l’heideggérisme de Zizek, notons qu’il ne s’agit pas seulement d’un léger flirt avec le tristement célèbre contempteur de la technique, mais d’une réhabilitation complète, du moins au plan philosophique.

La pensée par additions

En effet, dans son dernier ouvrage, La Parallaxe, Zizek explique doctement que les marxistes (rien que ça)  

« approuvent le passage, accompli par Heidegger dans Sein und Zeit, du sujet extérieur observant le monde à l’homme comme être toujours-déjà-jeté, engagé dans le monde, bien qu’il ait été incapable de situer l’être humain dans la totalité historique de sa pratique sociale ; mutatis mutandis, il en va de même pour Levinas, Derrida, Rorty, certains wittgensteiniens (Dreyfuss), et même Badiou. »

(Slavoj Zizek, La Parallaxe, Flammarion, Paris 2008, p. 349.)

Mettons les choses au clair. Lorsque Heidegger dépasse le néo-kantisme par l’être-déjà-jeté – en fait en partant de présupposés de Husserl –, c’est-à-dire lorsqu’il propose le dépassement de l’être extérieur au monde par l’être au monde, il propose la résolution d’un problème interne à la philosophie bourgeoisie de son époque. Avec près de cent ans de retard sur les marxistes ! Il suffit d’évoquer la première thèse sur Feuerbach. Pour Feuerbach, le sujet est passif devant la réalité objective. Il ne reconnaît la réalité que comme sujet épistémologique et donc ne peut connaître l’histoire réelle.

Il faut toujours voir dans quelle mesure un « progrès » réalisé à l’intérieur de la philosophie bourgeoise peut être digne d’intérêt ou non. Surtout quand cet « être-au-monde », avec ses caractéristiques propres, n’apparaît et n'a de sens que dans un contexte philosophique qui est tout entière dirigé contre le marxisme. Comment un marxiste sérieux pourrait approuver ce point en l’isolant de tout le reste ?

Nous pouvons d’ailleurs poser la question : en quoi des philosophes ouvertement antimarxistes (Heidegger, Deleuze…) peuvent contribuer à un renouveau du projet communiste comme l’annonce Zizek ? En effet, l’éditeur du livre – dont le directeur de collection n’est autre que Badiou ! – affirme dès la quatrième de couverture, que son collègue slovène « tente de renouveler le matérialisme dialectique, tout en restant fidèle au projet communiste ». Il est d’ailleurs étonnant que pour renouveler un projet communiste, il faille faire appel exclusivement à des penseurs bourgeois du passé…

Comme de nombreuses fois dans l’histoire du marxisme, nous assistons à des tentatives pour « renouveler » ou « compléter » Marx en donnant tous les gages possibles à l’idéologie dominante. Ces phénomènes ne datent pas d’hier. Le marxisme de chaire s’est toujours caractérisé par ce genre d’éclectisme mutilant, qui noie le poisson en faisant semblant de découvrir la lune. A la fin du siècle dernier, le marxisme de chaire mélangeait Marx avec Spencer, Darwin, Lassalle. Puis on tenta de l’acoquiner avec l’existentialisme. Puis vint le temps des grands écarts théoriques. C’est la pensée par additions des années 70 : Marx + Nietzsche + Lacan = obsolescence du Parti Communiste (Ce qu’il fallait démontrer).

Freudo-marxisme ?

Mais plus que le contenu de ces références, c’est surtout leur absence d’articulation entre elles qui pose problème. En effet, la question n’est pas, par exemple, de nier certaines avancées indéniables présentes dans le corpus freudien, auquel Zizek puise abondamment ; mais il faut voir précisément en quoi une synthèse avec le marxisme est possible, autrement que par une juxtaposition de thématiques à laquelle il suffirait d’apposer le mot de « freudo-marxiste ». Par exemple, un marxiste peut très bien prendre acte des remarques judicieuses de Freud sur le rôle des névroses dans la pratique religieuse, mais il ne saurait accepter l’idée d’une « théorie psychanalytique de la religion » qui expliquerait la genèse du phénomène religieux par la seule névrose.

Le dernier livre de Zizek, La Parallaxe, qui se veut une réinterprétation des graves problématiques épistémologiques qui ont scandé l’histoire de la philosophie, témoigne de ces impasses. Personne ne niera que presque toutes les révolutions philosophiques, s’articulent autour de questions épistémologiques et cognitives. Les avancées en la matière ont eu d’importantes répercussions politiques et ont grandement contribué à saper les concepts féodaux et bourgeois de la réalité. Mais de toutes ces avancées, la seule dont – et c’est un comble pour un « marxiste » – Zizek ne fait jamais état, c’est celle du statut du sujet traversé par les enjeux de classe et les rapports de production. En revanche, Zizek se montre très disert sur le fameux « décentrement » du sujet lacanien qu’il interprète dans le sens d’un scepticisme. Malgré tout le respect que l’on peut avoir pour l’inventeur de la psychanalyse et son continuateur le plus célèbre, la freudisation du sujet au détriment d’une approche sociale et historique de l’être humain n’est qu’une régression conceptuelle.

L’Humanité, une fois de plus, tombe à pieds joints dans le panneau et présente La Parallaxe comme une « astucieuse modification du ‘freudo-marxisme’, jadis repoussé par les héritiers immatures de Marx et aujourd’hui devenu compatible avec le communisme de la maturité, qui évidemment brille… par son absence » (Arnaud Spire, « Remue-méninges dans la dialectique », in l’Humanité, 11 juin 2008). Là aussi, camarades, avant de nous donner des leçons de « maturité », assurez-vous de bien savoir de ce dont vous parlez.

Renouveler le matérialisme dialectique, pourquoi pas ? Le marxisme n’est pas intouchable. Mais encore faut-il l’articuler à un programme politique et là Zizek n’est guère disert. Certes, contrairement à Badiou, dont les thèses représentent une offensive immédiate portée contre notre organisation, Zizek n’est pas un adversaire objectif. Si ce sont précisément les ambiguïtés et imprécisions que recèle sa pensée qui le rendent tolérable en milieu bourgeois, reconnaissons qu’il utilise au moins ce malentendu pour redonner une visibilité médiatique à Marx et Freud. De quoi redonner au moins envie de lire dans le texte ces deux grands penseurs de la déterminité. Mais comprenons bien qu’en l’état, son œuvre comporte des reculs théoriques à terme extrêmement préjudiciables.

Aymeric Monville

Aymeric Monville est membre du PCF et auteur d'essais philosophiques, éditeur et collaborateur de Michel Clouscard.




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28 juillet 2008 1 28 /07 /juillet /2008 14:20


A l’initiative de l’intersyndicale CFDT - CFTC - CGT des Archives de France

APPEL POUR SAUVER LES ARCHIVES

Les archives, traces essentielles de notre mémoire individuelle et collective, sont la source première de ceux qui écrivent l’histoire, généalogistes ou historiens. Ce sont aussi des preuves dont ont besoin les citoyens car les archives justifient et garantissent des droits (nationalité, état civil, carrière, succession, propriété foncière etc...). Les archives contribuent ainsi de manière éminente à l’exercice de la démocratie. C’est d’ailleurs une loi de la période révolutionnaire, la loi du 7 messidor an II, qui a garanti à tout citoyen le libre accès aux archives.

Très récemment, l’ampleur des travaux parlementaires concernant la nouvelle loi sur les archives a fourni la preuve que les archives sont au centre de la vie démocratique de ce pays.

Deux siècles après leur création, les Archives sont en danger !

La Direction des Archives née en 1897, devenue en 1936 Direction des Archives de France, devrait en effet disparaître en 2009 de l’organigramme du Ministère de la Culture dont elle était, ironie de l’histoire, un élément constitutif lors de sa création par André Malraux en 1959. Le 4 avril 2008, le Conseil de modernisation des politiques publiques chargé de mettre en œuvre la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) en a décidé ainsi, contrairement à l’avis du Conseil Supérieur des Archives du 10 mars 2008 et aux votes des Comités techniques paritaires de la Direction des Archives de France des 19 décembre 2007 et 21 mai 2008. La Direction des Archives de France doit être absorbée par une direction générale des patrimoines de France qui regrouperait « l’architecture, les archives, les musées ainsi que le patrimoine monumental et l’archéologie ».

La disparition de la Direction des Archives de France constituerait un recul extrêmement grave

Pour tous, il apparaît indispensable de maintenir la Direction des Archives de France afin de garantir la cohérence d’une politique nationale des archives, afin d’assurer à tous le libre accès aux archives.

Compte-tenu de l’organisation administrative de notre pays, les producteurs d’archives publiques sont très divers : ministères, établissements publics nationaux, services déconcentrés de l’Etat, juridictions, collectivités territoriales. La conservation et la communication des archives sont confiées, selon les cas, aux archives nationales, départementales, régionales ou communales qui constituent un réseau riche mais multiple.

Pour l’ensemble de ce réseau, la Direction des Archives de France a en charge l’élaboration et la mise en œuvre des normes juridiques, scientifiques et techniques relatives à la collecte, à la conservation et à la communication des archives publiques. Elle exerce la responsabilité du contrôle scientifique et technique de l’Etat sur la gestion des archives de l’ensemble des organismes publics, centraux ou territoriaux, c’est-à-dire non seulement sur un objet patrimonial déjà constitué mais sur le processus même de constitution de ce patrimoine. Elle est l’interlocutrice des collectivités territoriales pour toutes les questions relatives à leurs archives et à celles dont la conservation leur est confiée par la loi. La Direction des Archives de France exerce donc une responsabilité qui dépasse le cadre spécifique de l’action culturelle et qui revêt par sa nature même un caractère interministériel et territorial affirmé.

Dans de telles conditions, la cohérence d’une politique nationale en matière de collecte, d’accès et d’inventaire, et l’intégrité des archives publiques sur l’ensemble du territoire, ne peuvent être garanties que si elles sont pilotées au niveau stratégique par un décideur unique. Pour être efficace, celui-ci doit avoir une visibilité suffisante dans l’organigramme de l’Etat, témoignant clairement de son rôle interministériel et de sa légitimité à assurer le contrôle scientifique et technique sur les collectivités territoriales. Il doit disposer d’un pouvoir de décision véritable.

L’existence de la Direction des Archives de France est un enjeu démocratique

L’autorité actuelle de la Direction des Archives de France trouve ses racines dans la Révolution française. Petit à petit, elle a su imposer aux différentes administrations le respect de leurs propres archives, les contraintes de leur conservation et de leur collecte. Petit à petit, le lectorat s’est démocratisé et multiplié. La recherche s’est développée, à partir des archives, source primordiale que l’on soit étudiant, universitaire, généalogiste, chercheur...

La création des Archives nationales en 1790 a été synonyme d’entrée dans un monde nouveau, sans privilèges, sans secrets, ouvert à tous. Cette avancée citoyenne et démocratique court aujourd’hui le risque d’être sacrifiée sur l’autel d’une « RGPP » inspirée par des critères purement comptables et budgétaires, des réductions d’effectifs et de moyens suite aux fusions de directions et de services du ministère. La bonne gestion et le respect de l’intégrité des archives, témoins de l’histoire nationale et de celle de chacun, ne sont pas - et ne seront sans doute jamais - naturels aux pouvoirs administratifs et politiques. Il faut pour les préserver une autorité en position de l’imposer.

La Direction des Archives de France doit être maintenue

A l’heure où la nouvelle loi sur les archives va voir le jour, est-il acceptable que l’existence même d’une Direction des Archives de France chargée de veiller à sa bonne application soit remise en cause ? non ! Enfin on sait aujourd’hui que 60 créations de postes promises par Christine Albanel, Ministre de la Culture, lors de la présentation de son budget 2008, pour le nouveau centre d’archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine, pourtant déclaré grand projet national par le ministère, sont remises en cause. Or sans les nouveaux moyens nécessaires à son fonctionnement, le centre de Pierrefitte ne pourra se faire qu’à partir du dépeçage de la totalité du réseau : services d’administration centrale bien sûr, Archives nationales, départementales, communales...

C’est donc tout l’édifice du réseau des archives qui va être ébranlé par la disparition de la Direction des archives de France à cause du dogme de la fusion des administrations centrales et de la réduction des effectifs.

Citoyens, salariés, chercheurs, étudiants, généalogistes, intellectuels, historiens, nous vous appelons à signer notre pétition adressée à Nicolas Sarkozy, Président de la République.

PETITION POUR SAUVER LES ARCHIVES

-  Pour le maintien de la Direction des Archives de France comme direction d’administration centrale de plein exercice

-  Pour le maintien de l’organisation actuelle du réseau des services publics d’archives

-  Pour le maintien et le renforcement de son personnel statutaire

Nom :
Prénom :
Adresse :
Qualité :
Signature :

Signatures à retourner :

par courrier postal : Intersyndicale Archives 56 rue des Francs-Bourgeois 75003 Paris
par télécopie : 01 40 27 63 66
par courriel :

cgt.archives@culture.gouv.fr

cfdt.archives@culture.gouv.fr

cftc.archives@culture.gouv.fr

Paris, le 23 juin 2008

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26 juillet 2008 6 26 /07 /juillet /2008 14:10
Contribution de Pierre Saly, historien (PCF Paris 5e)

1) Les régimes dits communistes de l’URSS et de la Chine (et, dans des formes diverses de certains autres pays) ont réalisé des tâches historiques considérables, nécessaires et positives. En ce sens ils n’ont pas été et ne sont pas des « échecs ». Mais ils n’ont à presque aucun égard réalisé, ni même ébauché, la tâche fondamentale proposée par la vision marxiste du devenir humain : l’émancipation des individus et des sociétés. En ce sens le communisme, dans sa version étatique historique, est un modèle qui est, et qui a toujours été, inadapté aux réalités d’un pays comme la France.

2) La naissance du PCF au congrès de Tours est le produit de circonstances historiques conjoncturelles aujourd’hui très lointaines et d’une lecture fantasmée de ce qu’était la révolution russe en 1920. Ces circonstances ont disparu. Le congrès de Tours est obsolète dans la plupart de ses dimensions sauf une, essentielle, le refus d’accompagner l’hégémonie de la bourgeoisie et de mobiliser autour d’elle les forces populaires en demande de changements radicaux. Il ne s’agit donc pas d’annuler le congrès de Tours (ce qui n’a d’ailleurs pas de sens pour l’historien) mais de réaliser un nouveau congrès fondateur sur la base de ce même refus, dans les formes de notre temps. Mais je ne crois pas que le congrès du PCF de décembre puisse être ce congrès.

3) Cette lecture fantasmée de la réalité soviétique a perduré pendant environ un demi-siècle faisant fonction d’utopie mobilisatrice. A l’abri de cette utopie s’est organisée, dans les conditions spécifiques de la France, une puissante force de changement réel construite autour d’une stratégie de rassemblement populaire et national visant à des réformes structurelles radicales mettant en cause concrètement le contenu de la domination capitaliste. Rien de cette stratégie et des pratiques qui l’ont accompagnée n’avait le moindre rapport avec ce qui se passait dans les pays du « socialisme (ir)réel ». Cette stratégie demeure la seule possible. Sa part de tactique de sommet et de mobilisation à la base est affaire de circonstances. Mais une chose est évidente : il est vain de croire que les réalités d’aujourd’hui créent les mêmes conditions et possibilités que celles d’il y a un demi ou trois quarts de siècle.

4) Il faut bien constater que l’audience des forces organisées se réclamant du communisme est et a toujours été très faible, souvent négligeable, parfois réelle mais marginale, presque jamais massive (y compris dans la classe ouvrière de la plupart des pays industrialisés) sur la quasi-totalité de la planète. Sauf cas particulier, transitoire, de superposition de l’idéologie nationale émancipatrice et de l’organisation communiste (Chine, VietNam, Cuba etc). Cette audience est aujourd’hui très diminuée, parfois explosée. Dans quelques pays une influence communiste importante s’est révélée ne pas résister aux changements du monde et de la société et s’est en quelque sorte volatilisée (Italie). La menace d’une telle volatilisation n’épargne pas la France.

5) Les conditions de la France sont spécifiques comme celles de tout pays. Or il se trouve qu’existe en France plus que dans aucun autre pays une forte tradition de gauche transformatrice visant à des transformations radicales dans la société (parfois identifiées comme constitutives d’une « révolution ») : républicains « avancés » au XIXe siècle, guesdistes, jauressiens et anarcho-syndicalistes au début du XXe siècle etc. Le PCF a réussi à capitaliser et unifier pendant une courte période la quasi-totalité des  forces représentatives de cette tradition (dont d’ailleurs les tendances perduraient plus ou moins dans les profondeurs du peuple communiste). Mais dans le long terme il est clair que ces forces sont diverses, parfois dramatiquement opposées dans des combats significatifs ou futiles. C’est de cette situation qu’il faut partir et non des mythes des organisations déviantes, traîtresses, infiltrées, ayant pour seule ambition de détruire le PCF, bref « ennemies de classe ». L’existence de cette tradition d’une gauche radicale plus ou moins révolutionnaire a jusqu’à présent résisté aux transformations, pourtant majeures, de la société survenues depuis 1789.

6) Il y a donc place en France pour une grande force de gauche transformatrice, se réclamant d’une audacieuse visée de réformes de portée révolutionnaire, notamment anticapitaliste (sauf à penser que, contrairement à ce qui s’est passé pendant deux siècles, les mutations sociales sont venues à bout de l’existence de cette tradition se voulant révolutionnaire, ce que je ne crois pas). Cette grande force de gauche transformatrice, qui a vocation à se rassembler (au moins temporairement) peut occuper un espace politique variable, pas moins de 10% de l’espace électoral, circonstanciellement beaucoup plus. Mais surtout elle peut occuper un espace social et idéologique beaucoup plus important. Or c’est dans cet espace que se construit l’hégémonie qui ouvre la voie aux victoires politiques.

7) Il est vain de penser que cette force « à la gauche du social-libéralisme » puisse se résumer au seul PCF, même « rénové », ou qu’elle puisse se constituer autour du PCF et par ralliement à lui. Je ne crois donc pas que le prochain congrès du PCF puisse être l’étape créatrice d’une telle force et je pense que tout appel en ce sens aurait le même caractère dérisoire que les gesticulations à la Besancenot  sur le NPA, faux-nez de la LCR. Je crois encore moins à l’hypothèse folle d’une auto-dissolution du PCF qui casserait un des points d’appui décisifs de la genèse d’une telle force. Mais je crois que le congrès devrait donner un signal fort de la disponibilité des communistes pour revoir dans ses fondements, sans hégémonisme ni faux-semblant, les perspectives de changement des dispositifs politiques à la gauche du social-libéralisme.

8) Cette disponibilité devrait s’organiser autour de convergences thématiques fortes et durables sans les coups de barre désastreux qui ont décrédibilisé le processus de rassemblement initié dans le feu de la bataille du Non (les coups de barre venant de tous les cotés, à commencer par ceux de la direction du PCF, entraînant une majorité des adhérents). Il n’est que trop clair que la remise en marche d’un tel processus de rassemblement se heurte à la fois aux séductions du renoncement, venant en particulier des sirènes du PS, et aux patriotismes d’appareil des différentes mini- ou micro-formations politiques qui se partagent l’espace politique à la gauche du PS (et le PCF n’est naturellement pas indemne de ces stériles patriotismes).

9) Mais le plus grave des obstacles est celui de la théorie et de la pratique des deux gauches. Aucune force significative, visant à construire une hégémonie des idées transformatrices ne pourra se construire sur la base d’un refus de participer aux exécutifs et instances de pouvoir (même si, dans le passé, les rassemblements populaires transformateurs se sont parfois construits avec des forces de ce genre cf la part des anarcho-syndicalistes dans la naissance du PCF, des anarchistes dans la révolution espagnole). Aucune force significative ne pourra se construire sur la base d’un refus de collaborer avec les forces organisées qui, tout en s’alignant de plus en plus sur le libéralisme, portent encore les espoirs d’une partie majoritaire du peuple de gauche. Sur ces deux point la divergence avec le NPA est cruciale. Résorber cette différence sera une œuvre de longue haleine, d’autant plus difficile à mener à bien que bien des communistes partagent en fait l’idée de l’inutilité de la participation aux pouvoirs dans la société bourgeoise et celle de la nécessité de la « rupture » totale avec le PS et consorts.


Je conclus :

- pas d’auto-dissolution du PCF,
- pas de changement de nom (il aurait fallu le faire il y a quinze ans),
- pas d’appel, inutile à l’étape présente, à la « fusion » organique avec les organisations d’extrême-gauche (et encore moins un retour à la « vieille maison » socialiste pour y occuper l’aile gauche dans le ballet des tendances)
- un appel au PS,  surtout à ses électeurs et militants, argumentant sur le risque de son déclin et de son effacement faute de retour aux idées et pratiques de gauche, et sur la nécessité de réorienter la politique française vraiment à gauche.
- un appel aux forces de l’extrême-gauche (directions et militants) se situant dans la perspective d’un futur dépassement des organisations existantes à la gauche du PS, PCF compris,
- un appel aux forces de la société civile anti-libérale (type syndicats, Attac, clubs de gauche, écologistes progressistes) en vue de la création d’un front anti-libéral, écologiste, féministe, multiculturel, sans en oublier les croyants progressistes du christianisme et des autres fois présentes en France, musulmans compris.
- une proposition de forums permanents et de comités de liaison permettant de donner progressivement corps à cette force politique qui s’impose pour l’avenir à la gauche du social-libéralisme.
- un programme en bonne et due forme de ce que veulent les communistes (vive la « démarche programmatique » si injustement dévalorisée au nom de considérations spontanéo-autogestionnaires fumeuses)
- et naturellement les dispositions organisationnelles donnant au PCF l’enracinement, la force et la clarté de direction permettant de mettre en œuvre pleinement sa vocation fondamentale : une vraie ouverture à la société telle qu’elle est afin de la changer.

Pierre Saly, historien,
section PCF du 5e arrondissement, Paris
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24 juillet 2008 4 24 /07 /juillet /2008 14:03
Réaction à l'article d'Aymeric Monville, De quoi Badiou est-il le nom ?
par
Nicolas Centa

Cet article vise à faire part de mon désaccord avec certaines conclusions du commentaire « De quoi Badiou est-il le nom ? » d’Aymeric Monville, sur les principes de l’organisation du Parti Communiste.

Pour Marx, l’histoire est celle des méthodes de production. Ce sont elles qui fixent les organisations sociales qui lui sont adaptées et non l’inverse.  Ce sont des changements des systèmes de production amenés par des ruptures technologiques qui ont entraîné les changements historiques, y compris l’avènement de la démocratie bourgeoise.

Le Parti Communiste ne peut pas échapper à cette analyse, et doit réaliser le fait que son succès passé était dû à l’accord entre sa propre organisation et celle du système de production alors en vigueur. C’est évident lorsque l’on regarde les idées de discipline de parti ou de centralisme démocratique, qui sont l’exact pendant de la discipline et du centralisme des industries, instaurées pour les mêmes raisons de conditions matérielles et notamment technologiques.

Force est de constater qu’aujourd’hui, dans les méthodes de production, ce type d’organisation a largement disparu. Les cadres et professions intellectuelles au sens large ont explosé en nombre et travaillent dans des conditions où l’autonomie est importante, la créativité valorisée et le pouvoir hiérarchique limité. Cette tendance déteint sur les ouvriers d’usine, dont le nombre se réduit mais qui sont de plus en plus qualifiés et qui voient leurs tâches s’étendre progressivement vers le domaine intellectuel. Les employés de services et notamment de services à la personne sont isolés en très petits groupes, soumis à une autorité directe et non formalisée, et se trouvent souvent dans une situation précaire. Enfin, la société compte de nombreux chômeurs et RMIstes de long terme.

Par conséquent, l’analyse marxiste nous pousse à voir que les concepts organisationnels développés par Lénine, s’ils sont brillants par leur remarquable accord avec les systèmes de production de l’époque, ne sont plus opérants aujourd’hui. Nous n’avons à partir de là aucune raison de nous attacher à les maintenir, d’autant plus que le type d’analyse qui y a mené déclarait d’emblée qu’ils ne pouvaient être éternels.

Il nous reste donc à construire de nouveaux modes d’organisation, qui sont un préalable à tout renouveau du succès du parti.

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22 juillet 2008 2 22 /07 /juillet /2008 13:03
Le 19 juin dernier, les communistes du 5e arrondissement se sont réunis en Assemblée générale pour discuter de la situation politique et sociale et des enjeux du prochain Congrès du PCF. Compte-rendu des débats, par Charline.




Attention, ceci est un compte-rendu rédigé par une militante volontaire. Il ne rend évidemment pas compte de toute la richesse des arguments de chacun, ni de l'ensemble des discussions. Si vous voulez le compléter ou l'amender, ou poursuivre le débat, n'hésitez pas à laisser un commentaire !

Le rapport


L’AG a démarré sur un rapport de Marine, faisant office d’introduction au débat. En vue de la préparation du congrès, il semblait intéressant de revenir sur plusieurs points développés notamment lors des différentes réunions nationales (Tours et Paris) :

Luttes sociales

Le constat de la difficulté à mobiliser avec l’échec sur la LRU, sur les retraites. Des luttes véritablement offensives dans le commerce ou encore dans des industries où la mobilisation était auparavant faible, mais des luttes qui restent isolées. Des luttes en partie victorieuses comme celle des sans papiers, mais l’absence de convergence des luttes.

Comment expliquer ces échecs ? plusieurs pistes : la fatigue, le sentiment qu’aucune victoire réelle n’est possible en l’absence de perspective politique, la situation européenne et mondiale qui aboutit à une perception fragmentée du monde, au sentiment que le centre du pouvoir échappe au citoyen.

La situation française s’articule donc avec la situation mondiale.

Situation mondiale

la crise financière liée à la spéculation sur différents produits aboutit à une crise sociale (la crise alimentaire et la hausse du niveau des prix font naître des exigences d’augmentation de salaires). La crise financière rencontre les contradictions du capitalisme et les aiguise avec le développement de la crise environnementale entre autres (liée à l’épuisement des ressources). Le capitalisme apporte toujours la même réponse à ces crises : l’investissement dans les nouvelles technologies, pour économiser sur les salaires.
 
Alors que les situations d’exploitation et les contradictions du capitalisme sont exacerbées par ces crises, la question se pose pour nous, communistes, de comment exploiter ces contradictions ?

Dans le même temps, l’impérialisme américain se transforme : OTAN, démantèlement des Etats (ex de la Belgique en Europe). Des pôles de résistance existent : l’Amérique latine avec notamment le développement de la Banque du Sud, ou encore la Chine (avec l’interdépendance entre l’économie chinoise et l’économie américaine). La question se pose alors de la place de la France et de celle de l’Europe.

La question européenne

Le choix du peuple (le ‘non’ irlandais au référendum) doit être respecté, mais rien ne va dans ce sens. Il nous faut travailler à l’émergence de luttes européennes (le mouvement des salariés de Renault-Dacia en est une expression). Il nous faut aussi penser les politiques internationales de l’Europe en construisant des partenariats avec l’Amérique latine.

La marge d’action au niveau européen semble pourtant très réduite : le PGE ne semble pas pouvoir apporter les réponses attendues, du moins l’information manque à son sujet. La perspective des élections européennes pose la question de la constitution d’une liste commune avec le PGE ou d’une liste PC.

Plus largement, la question se pose de l’internationalisme : qu’entend on par ‘internationalisme’ ? avec qui ?

Plusieurs propositions :  le développement de services publics européens et mondiaux autour de la notion de biens publics mondiaux, la création d’un pôle public bancaire sous contrôle démocratique, la coopération avec les pays du Sud  appelant à la souveraineté économique de ces pays.

L'état de la gauche

Les présidentielles ont été un échec pour le PCF coincé entre socio-libéralisme et anti-libéralisme. L’état de la gauche italienne vient démentir la pertinence d’un modèle qu’on nous proposait après les présidentielles. Le bilan des municipales reste difficile : la stratégie d’union de la gauche échouait en certains endroits et sortait victorieuse en d’autres.

Engagement et militantisme

Il est de moins en moins facile de militer sur son lieu de travail, le renforcement des cellules et notamment des cellules d’entreprise est nécessaire.

Le militant doit être en mesure d’influer sur les décisions du parti (formation, formes de souveraineté à penser, renforcement des liens avec les élus, interdiction du cumul des mandats). La question des formes de démocratie au sein du parti se pose : les textes de préparation du congrès parlent de souveraineté de l’adhérent, mais comment lier souveraineté de l’adhérent/souveraineté du parti ? Il faut être en mesure d’allier diversité et efficacité, souvent quand une décision est contestée, c’est son mode de décision qu’il l’est plus que la décision elle-même.

Le CN ne doit pas être un parlement mais une direction, se pose dans ce cadre la question du fonctionnement en tendances. Lors de la réunion de Tours une majorité s’est prononcée pour la reconstruction de l’unité des communistes et pour une recomposition du CN qui devrait comprendre plus de militants et plus de salariés.

La préparation du Congrès

Ce qui a été mis en place au sein de la section : la constitution d’une culture commune avec les séances de formation, un travail sur l’engagement communiste avec le projet d’interviews croisées de militants, le renforcement de notre efficacité (reconstruction d’une cellule universitaire à Censier, mise en place de cafés politiques avec le MRAP et l’union rationaliste), la préparation du débat autour de l’internationalisme à la fête de l’Huma.

Il est de la responsabilité des sections et de la fédération de préparer le congrès de décembre, notamment, au sein de la section, réfléchir à ce qu’on peut demander en tant que militant pour améliorer le fonctionnement du congrès.

Discussion

Les militants sont intervenus sur différents points : l’état des luttes, le besoin d’un discours théorique clair de la part du PCF, l’activité du militant, le parti en tant que parti de responsabilité et enfin le congrès de décembre.

L'état des luttes

Jacqueline a évoqué la manif du 17 juin  sur le temps de travail où elle a eu le sentiment de voir beaucoup de CFDT (qui ne prenaient pas les tracts du PCF). Elle est revenue sur les manifs isolées (dans la radio, le CNRS, l’absence de la fonction publique dans la manif du 17). Le mécontentement est partout mais ne s’agrège pas. Jeannette a exprimé son désaccord avec le comportement de la CGT : annoncer un million de manifestants, c’était se fourvoyer. Elle s’est étonnée de la faible mobilisation alors que l’union syndicale avait été faite. A la RATP, il n’y a pas eu de mouvements de grève. Seul élément positif : la présence de syndicats d’entreprises privées. Adrien est revenu sur la plus faible mobilisation du 17 par rapport au 22/05 qu’il attribue en partie au fait que l’enseignement, secteur très important dans les mobilisations, n’était pas concerné par les 35h et a vu sa mobilisation perturbée par le déroulement des examens. Plus généralement, il a évoqué la fait que les gens ne croient pas à une possible réussite des mobilisations : sur les 35h, déjà 4 lois ont été passées pour les démanteler et en 2003, il avait déjà été annoncé que l’âge de la retraite serait repoussé à 41 ou 42 ans.

Plus largement, pour Adrien, la bataille idéologique sur la production des richesses a été perdue : les salariés n’ont plus conscience qu’ils créent de la richesse. Agnès est en désaccord sur ce point : les salariés ont conscience de la richesse qu’ils produisent mais n’ont plus conscience de la lutte. Même dans la fonction publique, il n’existe plus de forces de mobilisation, la grève par délégation n’est même plus possible. Les gens sont abattus par les cassages quotidiens qu’ils entendent, et ils n’ont plus de ressort pour la lutte. Alors que Claude avait exprimé son désaccord sur le fait que le débat se focalise sur des questions de luttes, et donc sur des questions plus syndicales que de parti politique, Agnès l’a réprouvé : on ne peut pas dire qu’on est en réunion de parti et pas de syndicat, si les gens ne croient plus au militantisme syndical, ils ne peuvent plus croire au militantisme politique. Marine a approuvé la vision d’Agnès : ce n’est pas parce que les gens ne se sentent pas pris dans l’exploitation qu’ils ne luttent pas, mais plutôt parce qu’ils ne voient pas comment faire. Alors que les salariés ne voient pas en quoi le PCF pourrait les aider à sortir de cette exploitation, une réaction gauchiste se développe, il y a alors ici quelque chose à travailler.

Julien a fait part de son étonnement de ne pas trouver sur son lieu de travail une plus forte mobilisation dans le public que dans le privé. Une réunion de SLR a réuni 10 personnes sur 3000 alors que l’avenir du CNRS est remis en cause. Lorsqu’il discute avec ses collègues, ces derniers sont d’accord mais cela ne va pas plus loin. Il se dit alors que les salariés qui l’entourent (chercheurs au CNRS) ne souffrent pas assez de l’exploitation pour ressentir le besoin de lutter contre, il propose de créer des liens avec des sections qui brassent des milieux sociaux plus populaires pour avoir des retours. Dynah a le sentiment que c’est surtout la forme de mobilisation qui ne prend pas, la succession des journées de mobilisation ne semble plus efficace.

Besoin d'un discours théorique clair de la part du PCF

Pour Jacqueline, le parti a un discours trop abstrait : il faut se poser la question de ce que sont concrètement aujourd’hui un ‘prolétaire’, un ‘ouvrier’, de ce qu’est la ‘lutte des classes’ (parler de ‘lutte des classes’ lui semble d’ailleurs gênant, elle préfère la notion d’exploitation). La révolution informationnelle en modifiant les formes d’organisation du travail et en voyant le développement du travail individuel réinterroge ces notions. Elle propose une association entre ‘prolétaire’ et ‘précaire’ dans le sens où le ‘prolétaire’ et le ‘précaire’ ont en commun de n’avoir que leur force de travail. Pour Marine,
plutôt que d’interroger l’existence de ces nouveaux métiers, il serait plus juste en tant que communiste de réfléchir sur les modifications du mode de production et les contradictions nouvelles qu'elles font apparaître. Surtout elle propose de laisser de côté le discours sociologique pour redonner sa place au discours politique.

Jacqueline reproche aux textes de préparation du congrès de n’être formulés que sur un mode interrogatif (ex ‘le capitalisme n’est-il pas en mutation ?’, ‘Peut-on changer la société dans le monde actuel ?’).

Selon Adrien, la bataille idéologique sur la production des richesses a été perdue : les salariés n’ont plus la conscience claire de créer de la richesse, et c’est en partie la responsabilité des communistes. On parle entre nous de ‘crise du capitalisme’, mais on ne défend pas cette idée à l’extérieur. La dernière affiche du PCF ‘Vive la vie’ est significative sur ce point. Par manque de réflexion théorique et de combat de fond, on est amené à être toujours dans la réaction à l’actualité. Ainsi, dans nos tracts, on est incapable de mener une campagne de trois mois sur un sujet unique jusqu’à ce que les gens soient obligés d’en parler aussi. Cette absence de combat de fond est source de régression. Marine approuve cette position : on est toujours dans le défensif. Cette stratégie n’est ni réalisable ni audible. A ce comportement de défensive, on nous oppose que le monde change. On est incapable de répondre vision globale contre vision globale. Selon Marine, cela ne vient pas d’une incapacité à produire du discours théorique, mais d’une incapacité à se mettre d’accord.

Dynah nous fait part du processus qui l’a conduit à s’engager : c’est un processus intellectuel. Adhérer au parti communiste peut ainsi être le fruit d’une réflexion théorique, ce qui doit nous motiver dans la construction d’un discours théorique clair.

L'activité du militant

Jacqueline dit se sentir militante uniquement lorsqu’elle distribue sur les marchés. C’est le travail concret qui doit nous sortir des abstractions. Elle revient sur le déménagement de l’Agro, une lutte locale qui aurait dû/doit être menée.

Elle voit dans la scission syndicat/parti la source du problème, une courroie de transmission manque aujourd’hui. Enfin, elle considère que pour rendre le parti audible, il faut que les gens sentent que celui-ci les aide au quotidien. Marine revient sur le lien parti/syndicat. Le parti fait un travail de syndicat, il le fait mal dans la mesure où il n’a pas l’organisation pour le faire, et à côté de ça, il ne joue pas son rôle dans l’élaboration du travail politique sur lequel les syndicats pourraient s’appuyer.

Julien propose de créer des liens avec des sections brassant des milieux plus populaires afin d’avoir des retours de la frange de la population qui souffre le plus directement de l’exploitation capitaliste, et donc pour qui la mobilisation est peut être plus évidente.

Le parti communiste comme parti de responsabilité

Claude a le sentiment que le programme du parti communiste est vide : il ne dirait pas clairement par exemple qu’il faut taxer les flux financiers. Marine n’est pas d’accord : le programme du parti communiste est plein de ce type de propositions.

Marine évoque la responsabilité qui est celle du parti communiste de se situer au niveau international. Le PGE ne lui paraît pas être une position crédible dans la mesure où il signifie une alliance avec les sociaux-libéraux.

Le Congrès

Dans son rapport Marine proposait aux militants présents de s’exprimer sur le congrès. Aucun militant n’intervient pourtant sur ce sujet.

Agnès explique qu’elle ne voit pas l’intérêt de se poser la question de la pertinence de l’existence du parti communiste : en tant que militante communiste, elle en est convaincue.

Claude s’interroge sur les ‘attaques’ qu’il a lues dans la presse au sujet de MG Buffet. Adrien lui répond qu’elles sont le fait de refondateurs dénonçant, sans arguments concrets, un verrouillage du débat par MGBuffet. Mimi a quant à elle le sentiment que MG Buffet dirige ou aimerait diriger le débat concernant l’avenir du parti, or ce n’est pas son rôle dans la mesure où elle n’est pas en mesure d’être réélue secrétaire nationale.

Et c’est Mimi qui conclut l’AG : ‘ Avant c’était le capitalisme qu’on voulait dépasser, maintenant c’est le parti !’.
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20 juillet 2008 7 20 /07 /juillet /2008 12:55

Giampiero Martinotti, in « La Repubblica » 16 juin 2008
Note de lecture de Pierre Laroche


Les prévisions pour les 3 prochaines mois sont moins roses que le gouvernement français voudrait le faire croire. La progression de 2,6% du PIB entre janvier et mars est un excellent résultat, une vraie surprise  et l’euphorie de Sarkozy et des siens est justifiée, mais le gouvernement a prétendu relancer la croissance économique en agissant sur la demande par des mesures comme la détaxation des heures sup., la détaxation des successions etc… : l’utilité du « paquet fiscal » de 14 milliards d’€  est sujette à caution. Ce qui a entraîné la croissance du premier trimestre, ce n’est pas la demande intérieure : la consommation des ménages n’a augmenté que de 0,1% pendant ce trimestre (contre 0,6% au dernier trimestre 2007) ; les investissements ont augmenté de 1,8% et les exportations de 3,1%, surtout en direction des pays européens et notamment de l’Allemagne qui, selon Fitoussi, a repris sa politique d’augmentations salariales. Résultat : augmentation des exports françaises vers l’Allemagne : + 7,4%  (vers les autres pays centre-européens : +5%). En même temps, les entreprises ont recommencé à investir, non seulement du fait d’une vision optimiste de l’avenir mais parce que, du fait des difficultés à trouver de la main-d’œuvre, elles misent sur la productivité.

La seule chose évidente est l’augmentation du déficit public (de 2,4% à 2,7% en 2007). Le gouvernement se réjouit de chiffres qui n’ont pas grand-chose à voir avec sa politique, mais avec la force des grands groupes : les multinationales françaises sont présentes un peu partout, et les résultats du CAC 40 en Bourse sont en nette hausse pour le 1er trimestre 2008 : dans l’énergie nucléaire , dans le luxe, l’agro-alimentaire, le BTP, la sidérurgie, les télécoms, la pharmacie, l’automobile, l’industrie vini-viticole. Ce qui manque à la France c’est une forte poussée des PME :  baisse de 12% des produits culturels, de 7% pour la téléphonie, de 4,5% pour l’informatique. 

Et c’est surtout une forte demande interne : l’inflation a atteint 3,1% en mai (taux le plus élevé depuis 1991) et les salaires diminuent (ce qui est masqué par un meilleure situation de l’emploi).

L’économie française est totalement dépendante de la conjoncture  internationale. Or, les mois qui viennent jusqu’à début 2009 seront marqués par l’augmentation des taux, la diminution des prix de l’immobilier réduira l’activité dans la construction, le renforcement de l’euro provoquera une diminution des exportations, l’inflation réduira la demande intérieure. Si l’Allemagne  « tire » moins, selon Patrik Artus, les consommateurs français seront perdants sur tous les fronts : crédit plus cher, menaces sur les emplois (délocalisations), tendance à la baisse des salaires réels sur toute la zone euro. 


Les prochains mois seront difficiles pour tout le monde, même pour les Français. « Scénario noir pour Sarkozy » conclut l‘auteur.
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18 juillet 2008 5 18 /07 /juillet /2008 12:48
« La Republica » publie le 12 juin 2008 un extrait d’une étude de Fausto Bertinotti qui devrait paraître dans la revue « Alternative per il socialismo ». Ci-dessous un résumé de cet extrait (seuls les passages entre guillemets sont traduits aussi littéralement que possible).

par Pierre Laroche.



« Cette fois, enquêter sur les raisons de la défaite est une opération politique de première grandeur. Ce sont la nature même et la profondeur de la défaite qui rendent si importante la recherche de ses causes ».

On peut se servir de l’analyse que fait la droite italienne, la « Nouvelle Droite », qui a fait preuve d’une force considérable, d’une saisie originale de la modernisation de la société italienne.  Ce n’est plus l’héritage du fascisme,  ni la valeur absolue de  l’Etat-Nation, ni le « libérisme » (n.b. : les Italiens différencient le libéralisme politique du XIXe siècle du libéralisme économique et financier qu’ils appellent souvent libérisme ou néo-libéralisme).

« L’entrée de la droite dans la modernisation, dont elle se porte candidate à être la force  la plus apte à l’accompagner, l’a désidéologisée, lui permettant ensuite de récupérer des échantillons et des traces des diverses traditions de la droite et de les recomposer en une politique définie précisément sur les réponses à apporter à la crise sociale, politique et institutionnelle provoquée par cette même modernisation».

Non fasciste mais apte à utiliser des éléments de cette culture pour cultiver l’aversion à toute diversité, quand l’insécurité se transforme en peur et que la figure du bouc émissaire ressurgit comme remède aux peurs.

Pas vraiment libériste non plus, de façon à se démarquer du néo-libérisme impuissant (la parti de Maastricht), de droite et de gauche, tout en y adhérant pleinement sur le thème crucial du rapport travail-entreprise-marché, au point de prendre l’aspect du parti de l’entreprise et de la Confindustria (syndicat patronal des grandes entreprises). Un reflet de la décomposition de la société et des « subjectivités fortes », et qui se mêle aux différentes composantes  et instincts qui animent la société civile, « confectionnant une idée générale de restauration, qu’il renvoie à la société en la transformant en politique » sans en avoir l’air.
« La Nouvelle droite change le registre de la politique et la droite cesse d’être minoritaire, rôle où l’avait placée la rupture opérée par la Résistance et le long après-guerre italien ».

On peut  avancer l’hypothèse que ce qui se construit en ce moment est un nouveau « régime […] le régime léger […] marqué par le a privatif . Privatif de la politique même ».  Abrogation de la discriminante antifasciste,  fondement de la Constitution républicaine, pour en arriver à une République a-fasciste, a-antifasciste, sans racines et sans histoire.

Le Parlement n’est plus le lieu de confrontation entre gouvernement et opposition, il est maintenant le lieu de la gouvernabilité et se configure tout entier comme « une sorte de gouvernement élargi », avec une nuance, celle de la coexistence entre gouvernement réel et gouvernement-fantôme (gouvernement – ombre, si on préfère une traduction littérale de l’italien, qui a toujours voulu se démarquer de l’expression anglaise). « Un gouvernement a-politique […] comme si sous les sièges du Parlement il y avait un gigantesque aimant qui tire  vers le gouvernement, l’aimant du marché » qui tire également les relations sociales, y compris les relations syndicales, à l’intérieur de ces institutions, annulant l’autonomie syndicale. « Le a privatif atteint alors le cœur de la démocratie :  le conflit. On ne peut le nier mais le pousser dans une dimension pathologique car privée de la légitimation sociale et politique garantie uniquement par son caractère progressiste et d’acteur de la justice sociale. Des relations syndicales et sociales a-conflictuelles, conduites par des paramètres extérieurs à la condition de travail,  en constituent le sceau. Ainsi se consomme  en un ‘régime léger’ la crise profonde de la représentation démocratique.

C’est en effet dans la longue crise rampante de la démocratie, dans le remplacement progressif de la représentation, remplacement par le gouvernement, que s’est consommée la crise de la gauche », comme, dans l’extraordinaire « saison du changement », l’élargissement de la démocratie avait accompagné la montée de la gauche. C’était alors la saison des passerelles, ; c’est maintenant la saison du fortin : « qui est dedans est dedans, qui est dehors est dehors ». La gauche est dehors, avec les forces sociales et culturelles qui doivent affronter la question de leur inclusion. En se souvenant que les plus horribles tendances xénophobes et discriminatoires se nourrissent dans le corps de la société quand elles se révèlent cyniquement fonctionnelles pour la défense d’équilibres sociaux indéfendables par d’autres moyens.
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16 juillet 2008 3 16 /07 /juillet /2008 12:39
Note de lecture de Pierre Laroche
d’après un article de Giampiero Martinotti dans « la Repubblica » du 9 juin 2008



Louis Gallois contrôle depuis 2 ans le sort d’EADS et de sa principale filiale Airbus. Il a devant lui « d’autres années difficiles avec le prix du pétrole et l’effondrement du $ qui mettent à dure épreuve les équilibres économico-financiers du constructeur européen, miné par les sourdes (mais pas tellement) batailles franco-allemandes ».

« Trop de choses sont en jeu : l’ambition de l’industrie européenne dans le seul secteur où elle a réussi à tenir tête à la suprématie américaine, les subtils équilibres franco-allemands, l’emploi, la réputation technologique d’Airbus… ».

A quoi s’ajoutent les problèmes conjoncturels :

- le premier est lié à la hausse du prix du pétrole. Malgré les bonnes nouvelles (commandes pour 5 milliards de $ de la part de Gulf Air – la compagnie du Bahrein - et 4,6 milliards de $ de la part d’Air One (Italie) – le marché aéronautique est en baisse, d’où risque de demandes de délais et même d’annulations de la part des acheteurs

- le deuxième est lié au rapport $/€. : Airbus est l’industriel européen qui souffre le plus de la dépréciation du $.
Gallois affirme qu’il va falloir  augmenter la part de la production et des  acquisitions en $, ce qui veut dire qu’une partie de la production doit se faire hors de la zone €.

- enfin, il veut renforcer le plan de restructuration en cours, pour réduire les coûts.
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14 juillet 2008 1 14 /07 /juillet /2008 12:36
Note de lecture de Pierre Laroche
d’après un article d’Alberto Zampaglione  dans « la Repubblica », 11 juin 2008




Ben Bernanke (cf. infra), est convaincu que le risque d’une profonde récession est amoindri, mais qu’il faut combattre le danger de l’inflation que met en avant  également J.- Cl. Trichet, président de la BCE.

Journée confuse sur les marchés financiers. Pour la Chine, cela a été un mardi noir : la Bourse s’est ressentie de la décision de l’Institut central d’augmenter d’un point les réserves des banques. Cette manœuvre, la 5è de l’année, vise à resserrer les cordons du crédit et à refroidir l’inflation (7,7% en mai).

« Sur la baisse de la Bourse de Shangaï […] ont pesé les inquiétudes sur le prix du pétrole et sur l’exportation vers les Etats-Unis. Selon les dernières données, le déficit commercial des Etats-Unis a augmenté de 8% en avril […] Les importations vers les Etats-Unis on atteint un record historique, qui risque de créer  des contrecoups politiques  sur le ‘made in China’ ».
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12 juillet 2008 6 12 /07 /juillet /2008 12:21

Note de lecture de Pierre Laroche
d’après un article de Federico Rampini dans « la Repubblica », 9 juin 2008




La consommation accrue de la Chine et de l’Inde n’explique pas l’augmentation du prix du pétrole et de ses dérivés. « Certes, ces 2 pays, avec leurs centaines de millions d’habitants qui accèdent au bien-être, sont la raison de fond d’une tendance au relèvement séculaire de toutes les matières premières ». Ces pays « entraînent le développement d’autres nouveaux protagonistes de la globalisation », de la Russie au Brésil . D’anciens pays exportateurs de brut, comme l’Indonésie, sortie de l’OPEP, doivent aujourd’hui en acheter sur les marchés mondiaux.

« Mais, sur ces changements historiques s’est greffée une marée de flux financiers qui sont devenus à leur tour « le » problème […] Le développement économique asiatique, qui comporte entre autres le boom de la motorisation privée  dans des pays où vivent 3,5 milliards de personnes peut expliquer l’augmentation de 35% par an  du pétrole dans les 5 dernières années ». Mais au cours des  12 derniers mois, cette augmentation a soudainement doublé. L’offre et la demande de pétrole n’est plus qu’un prétexte pour une vague de paris financiers. La production mondiale  réelle de brut est de 85 millions de barils par jour, alors que sur le New York Mercantile Exchange (NYMex) les contrats jouent sur un milliard de barils par jour :  c‘est ce qui motive l’analyse de Soros selon laquelle c’est là que se crée la nouvelle bulle spéculative : en 1999, les Bourses étaient dominées par les colosses d’Internet, comme elles le sont aujourd’hui par les compagnies pétrolières « nouvelles championnes de la capitalisation ».

Aujourd’hui, Arjun Murti, analyste de la Goldman Sachs, prévoit que le baril atteindra 200 $, ce qui est en train de se réaliser car Goldman Sachs est le principal importateur pour les « futures » de pétrole. Or, aucune intervention n’a lieu pour vérifier que « derrière les transactions virtuelles, les échanges de marchandise réelle pourront être honorés ».

Le premier accusé est le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson, qui a passé toute sa carrière professionnelle à la Goldman Sachs jusqu’à en devenir président et administrateur délégué. Derrière lui, il y a Bush et Cheney, dont on connaît  liens personnels avec l’industrie pétrolière, ce qui « n’encourage pas à démonter la machine spéculative qui a multiplié les cotations des actions dans tout le secteur ».

D’autant  que derrière Wall Street, tout le monde de l’épargne américaine a suivi : les fonds de pension ont investi 40 milliards de $ dans la spéculation sur les matières premières, dans l’espoir de récupérer les pertes subies sur les subprimes.

Le président de la Federal Reserve, Ben Bernanke, en abaissant les taux d’intérêt à des minima historiques, continue la politique de « l’argent facile, carburant premier de toutes les bulles ». Ce qui affaiblit le dollar et contraint les pays de l’OPEP à chercher des compensations dans la hausse du brut, encourageant à miser sur les matières premières comme valeur-refuge ». Un cercle vicieux parfait  jusqu’au jour où la situation se retourne, la panique  envahit les marchés financiers, la liquidité du crédit, l’épargne familiale.

C’est pourquoi Medvedev et Soros sont d’accord : l’épicentre de la crise est l ‘Amérique. Malgré le développement de la consommation pétrolière de la Chine, les Etats-Unis sont loin devant, avec une consommation de 25% du brut mondial, contre 9% pour la Chine.

La Chine  et l’Inde seront contraintes d’abandonner les prix « politiques » du pétrole, ce qui peut engendrer des tensions sociales et ralentir leur croissance, qui est notre seul espoir d’éviter la récession.

Le seul côté positif de cette situation, Kenneth Rogoff l’explique sur « Il Sole-24 Ore » : c’est ce qu’on fait de mieux pour la défense de l’environnement.  Mais si l’hiver prochain est rude , nous serons tous à la merci de Mevedev, i.e. Poutine.
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