Les chiffres de l’exploitation : Les chiffres de la colère
La direction de La Poste a rendu publics ses résultats pour 2010.
Le profit net global est en hausse de 3,5% à 550 millions d’euros. L’« excédent brut d’exploitation », c'est-à-dire le bénéfice lié à l’activité, progresse de 9,1% pour atteindre 2,017 milliards d’euros. La formule comptable mérite bien son nom. C’est bien sur le renforcement de l’exploitation des postiers, tous métiers confondus, et sur la dégradation du service rendu aux usagers que la direction a dégagé ce bénéfice.
A quoi va servir cet argent ? A aggraver le processus de privatisation et à préparer les dividendes des actionnaires privés de demain. Concrètement à transformer ou fermer les bureaux pour supprimer physiquement les guichets, à finir de supprimer les centres de tri départementaux, à provisionner les suppressions d’emploi, à racheter des sociétés financières françaises ou étrangères.
D’ici 2015, le pdg Bailly compte faire passer de 3,7% à 8% le taux de rentabilité des activités postales, toujours aux dépens du service public.
Pour les postiers, la situation devient de plus en plus insupportable aussi bien en termes de conditions de travail que de salaire. La « souffrance au travail » constatée de plus en plus généralement est la traduction de cette volonté patronale d’exploiter toujours plus et d’éradiquer l’esprit de service public ancré chez les postiers.
Partout en France, la résistance se développe. Chaque mois, dans des dizaines de centres de distri, de tri, de bureaux, de centres financiers, des salariés rentrent en lutte.
Depuis une semaine (10 mars 2011), les facteurs d’Angoulême (contre la refonte des recommandés), de Soyaux (Charente - contre le déplacement de 7km de leur service), de Pouillon (Landes – contre la restructuration « facteurs d’avenir »), de Rodez et de Decazeville (Aveyron - contre la sécabilité), de Bénodet (Finistère – contre les sous-effectifs), de Mamers (Sarthe – pour la titularisation des CDD), etc.
Chaque lutte locale obtient des résultats, sauvegarde des emplois, des tournées, des guichets. La mobilisation fait aussi reculer la répression patronale comme à Paris 11.
A Marseille, au bout de 139 jours de grève, les agents du 2ème arrondissement, unis toutes catégories confondues, ont réussi à faire plier la direction contre la précarité. Cettevictoire locale est emblématique du rapport de force qui existe pour gagner nationalement.
Partout des usagers soutiennent les salariés en lutte. Nous nous souvenons des millions de signatures contre le changement de statut en 2009 et des millions de manifestants pour défendre les retraites cet automne.
La question de la perspective politique est plus que jamais décisive.
Elle se trouve dans les luttes elles-mêmes.
Depuis des mois, tout est fait pour concentrer l’attention des salariés vers l’élection présidentielle de 2012.
Pour « virer Sarkozy » (nous sommes bien d’accord qu’il le faut !), tout serait bon, toute unité, même le choix du « moins pire » personnifié par Strauss-Kahn. Sur les retraites, comme sur la marchandisation des services publics, le PS suit les mêmes choix de fond européens que le gouvernement actuel. D’autres ont l’ambition de « tirer le PS » un peu, le plus possible vers la gauche. A La Poste ou à France Télécom, on a vu ce que ça a donné les fois précédentes.
Les médias et le gouvernement mettent aussi en avant le choix du pire, l’extrême-droite. Au-delà des calculs politiciens, cette opération répugnante et dangereuse vise à détourner la colère sociale contre des boucs émissaires, à écraser le débat sur l’alternative politique, par exemple à détourner et stériliser l’opposition massive à l’UE du capital.
Dans tous les cas, tout se jouerait en mai 2012. Communistes, ce n’est pas notre analyse.
L’avenir, le changement de politique en 2011, comme en 2012, se joue maintenant dans les luttes.
La politique économique et sociale du pouvoir est massivement disqualifiée dans le pays. Après la batille des retraites, les élections cantonales (votez communiste!) vont à nouveau le montrer. Des possibilités de larges convergences existent entre les salariés des différents services publics, de la fonction publique et ceux du privé.
Gagner, commencer à inverser la politique au service du patronat, passe par des positions claires et offensives correspondant aux possibilités réelles.
Pour La Poste, nous soutenons toutes les batailles contre la privatisation rampante et contribuons à la mobilisation des salariés et des usagers.
Nous nous situons dans la perspective de la reconquête et de l’extension du monopole public du courrier (dont les bases existent toujours), de la réintégration de la Banque postale dans La Poste et l’arrêt de sa transformation en banque privée ordinaire, de la nationalisation de l’ensemble du secteur bancaire.
Nous refusons l’application des directives et les traités européens illégitimes.
Nous apportons tout notre soutien à la journée de grève, à l’appel des syndicats, le 29 mars 2011 « pour un mouvement d’ampleur national ».