Après avoir décidé la fermeture du centre de santé Saint-Victor le 25 mai, l’UTMIF (Union Territoriale de la Mutualité Ile de France) a dû faire marche arrière en urgence le mercredi 9 juin. Le maintien de l’offre de soin de secteur 1 (sans dépassement d’honoraires) dans le 5e arrondissement est donc assuré.
La fermeture brutale du site de la Mutualité, prévue initialement pour le 1er juillet, a été stoppée. Il n’aura fallu pas moins d’un an et demi de mobilisation de la part des usagers et des habitants du quartier pour inverser le processus de liquidation de centres de santé effectuant plus de 200 000 actes médicaux par an et qui compte parmi les plus importants d’Île-de-France.
L’attitude arrogante et prédatrice de GL Events, multinationale spécialisée dans l’ « événementiel », qui vient récemment de reprendre la gestion du Palais Brognard – l’ancienne Bourse – et qui s’est installée depuis un an dans la maison de la Mutualité, a baissé d’un cran. Cette entreprise n’affichait que du dédain pour une mobilisation qui visait à maintenir l’offre de soins de proximité sur un site qu’elle cherche à transformer en palais des congrès de luxe. Elle n’a d’ailleurs pas hésité à faire appel aux forces de l’ordre pour chasser les militants qui souhaitaient informer les patients des dangers pesant sur l’avenir des centres de santé.
De son côté, la Mairie de Paris est restée sourde jusqu’au dernier moment aux avertissements et aux appels à l’action, lancés notamment par les militants et les élus du Parti Communiste Français. Nous avons en effet dénoncé depuis des mois, avec le soutien de la population, la logique spéculative à l’œuvre derrière la transformation de la Mutualité : celle-ci ne pouvait conduire qu’à la liquidation totale de l’offre de soin solidaire au centre de Paris, trop peu rentable pour des Mutuelles converties depuis plusieurs années à une gestion assurantielle tournant le dos aux « valeurs mutualistes » pourtant mises en avant dans leurs publicités. Seule la municipalité pouvait agir concrètement dans l’intérêt des Parisiens.
Pressé par la mobilisation populaire, le Conseil de Paris des 7 et 8 juin a adopté un vœu en ce sens qui affirme que le « Maire de Paris interpelle […] l’ensemble des responsables de la Mutualité, comme ceux de la société GL Events, pour qu’ils précisent officiellement leur projet sur le devenir du centre de santé Saint Victor-Mutualité » et qui demande « le maintien des activités médicales du centre Saint Victor-Mutualité notamment de radiologie et d’imagerie par scanner avec une offre de soins en secteur 1 ». Lâchée par la mairie, dans ses projets de fermeture du centre, l’UTMIF doit revenir sur sa décision initiale dès le lendemain.
Nous ne pouvons que nous féliciter du choix de la Mairie de Paris de prendre enfin ses responsabilités dans le domaine de la politique de la santé dans la capitale. Un engagement plus précoce aurait pu éviter une première réduction de l’offre de soin et du personnel sur le site de Saint-Victor et de la Mutualité au début de l’année 2010. La transformation de la Maison de la Mutualité en palais des congrès de luxe, se substituant à l’ancien lieu de rassemblement historique des organisations progressistes, n’est, quant à elle, toujours pas écartée.
Prenons appui sur cette première victoire pour exiger la pérennité et l’extension d’une offre de soin solidaire et de qualité à Paris ainsi que le maintien des activités de la Maison de la Mutualité en continuant à nous mobiliser pour :
- l’annulation du permis de construire attribué par la Mairie de Paris à GL Events en avril
- le retrait du plan de restructuration de l’AP-HP