A « gauche », côté Huchon, on exprime mollement son désaccord en se gardant d’aller très loin.
Il faut dire, à y regarder de plus près, que les divergences portent avant tout sur la « gouvernance » du projet, que le gouvernement veut placer sous le contrôle de l’Etat via un établissement public, que sur sa conception. Il est même frappant de constater les similitudes entre les tracés des nouvelles voies de transport prévus dans les projets, un moment concurrents, du « Grand Paris » (Blanc), de « Paris métropole » (Delanoë) ou de « Région capitale » (Huchon).
Dans tous les cas, de fait, la priorité est accordée au renforcement des liaisons, déjà favorisées, entre les « pôles de compétitivité » régionaux : aéroports, Défense, Plateau de Saclay, Marne-la-Vallée... Le « Grand Paris » se place résolument dans la compétition mondiale des capitales de la finance, c’est à dire dans la satisfaction des besoins des grands trusts. Cet objectif a comme contrepartie, le maintien et l’aggravation des inégalités de dessertes, de la ségrégation spatiale, du refoulement de millions de salariés encore plus loin de leur lieu de travail.
La plupart des candidats aux régionales s’en défendent et reconnaissent la nécessité d’améliorer les liaisons de banlieue à banlieue, de lever la saturation technique des RER A, B et C. Au PCF, ce sont nos priorités plus que jamais.
Mais des paroles aux actes, il y a plus qu’un pas… et gouverner, ce sera choisir, surtout en termes financiers. La majorité sortante en a fait la preuve.
On retrouve ainsi dans le programme de Huchon 2010 la plus grande partie du programme de Huchon 2004, souvent mot à mot. Il ferait mieux de donner des raisons, éventuellement valables, pour expliquer pourquoi sa majorité n’en a presque rien fait.
Dans son bilan pour les élections, en termes de nouveaux transports (période 2004-2010), il ne se prévaut que d’une réalisation : le nouveau tramway. Il n’y a pas de quoi.
La très couteuse ligne de tramway T3 (400 millions d’euros) a été inaugurée dans sa partie « Maréchaux sud » en 2006. Dans Paris intra-muros, à peine plus rapide que les bus en voie propre, ce magnifique matériel n’avait rien d’une priorité et est d’un faible avantage, sinon pour valoriser les futurs sièges de grands groupes à la Porte de Versailles et à Balard.
Nous n’oublions pas non plus qu’en 2003, la majorité régionale avait approuvé le projet scandaleux de train privé, direct entre l’aéroport de Roissy et la Gare de l’est, du nom de CDG Express, doublant le RERB mais ne s’arrêtant pas sur le parcours et pratiquant des tarifs prohibitifs. Heureusement ce projet semble avoir du plomb dans l’aile (mais la municipalité de Paris a voté son aménagement en 2009).
En termes d’investissement lourd, Huchon s’est aussi distingué en livrant en 2006 le « marché du siècle » (2 milliards d’euros), celui du renouvellement des trains de banlieue, au groupe canadien Bombardier plutôt qu’à Alstom dont les activités restent beaucoup plus localisées en France.
Le prochain conseil régional doit entièrement changer de logique : combattre le projet de « Grand Paris » dans sa conception, développer réellement des transports de qualité de banlieue à banlieue.
Sur le plan financier, aucun investissement régional ne peut être inclus dans un « partenariat public-privé ». Cette formule enchaîne pour de très longues durées les collectivités à l’intérêt des groupes privés et leur coûtent finalement beaucoup plus cher. Les communistes se préparent à amplifier la mobilisation (ça le Conseil régional actuel le fait) pour faire payer l’Etat à 50%, à hauteur de ce que représente la région Ile-de-France pour l’intérêt national. Enfin, nous nous battons pour le doublement de « versement transports » dont s’acquitte le patronat, principal bénéficiaire des infrastructures de transports.
Toutes ces propositions sont indissociables de la bataille pour la défense et l’extension des services publics nationalisés RATP et SNCF.