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27 août 2008 3 27 /08 /août /2008 10:24
Par Nicolas Centa, PCF 5e.

Dans son article
« Liquidation, décroissance et Zizek »
, Aymeric Monville affirme que certains concepts développés par le philosophe slovène pourraient être rattachés à un but affirmé d’harmonie avec la nature, notamment par la voie de la décroissance comme diminution de la production. Je souhaite ici contribuer montrer en quoi les concepts marxistes développés dans « La Parallaxe » se montrent en fait bien difficilement interprétables en ce sens.

Sur la dialectique marxiste

La théorie développée par Slavoj Zizek dans « La parallaxe » est essentiellement un développement sur la dialectique marxiste, affirmant que toute chose, objet comme idée puisqu’il s’agit d’un matérialisme, est traversée d’un antagonisme irréductible, qui provoque en elle une lutte, dont les deux parties prenantes sont en fait deux expressions contradictoires au sein d’une même unité.

Ainsi, la société capitaliste présente un antagonisme qui la divise en bourgeoisie et prolétariat, perpétuellement en lutte. Mais, et c’est là où cette idée est véritablement dialectique et non dualiste, non seulement ces deux classes sont relatives, c’est-à-dire qu’elles n’existent pas en elles-mêmes mais relativement l’une à l’autre, mais elles ne sont pas situées sur le même plan : comme le dit l’œuvre de Marx et Engels, le prolétariat est en fait lui-même la contradiction et la lutte. La théorie bourgeoise, qui est l’expression de l’ordre de cette société, celle du pouvoir économique, politique et social, celle du libéralisme et des droits formels, ne connait pas de classes ; elle traite tous les individus de la même façon, mais pas de n’importe quelle manière : celle à laquelle ne correspond en réalité que la bourgeoisie. Comme il est montré dans « Le capital », l’existence même du prolétariat est donc la preuve de la contradiction intrinsèque à cet ordre ; et c’est pour cela que l’on peut affirmer que le prolétariat n’est pas simplement un groupe distinct et aux intérêts opposés mais l’incarnation même, dans une classe, de l’auto-contradiction de l’ordre bourgeois, donc de la lutte qui le traverse.

L’antagonisme étant constitutif de la chose, elle n’a qu’un seul destin : que la lutte qui en résulte finisse par la détruire en la transformant radicalement. En attendant, son unité est préservée par une articulation, nécessairement insatisfaisante et condamnée à la dissolution, visant à l’apaiser. Ainsi, les différentes formes de social-démocratie représentent des tentatives de médiation des oppositions traversant le capitalisme.

Réciproquement, cette idée nous dit que toute chose n’existe qu’en lutte avec un opposé avec lequel elle forme un tout : pour l’étudier, il faut donc considérer une triade constituée de la chose, de son opposé et du tout qu’ils forment ; en plus, bien entendu, de ses propres contradictions internes.

La critique du productivisme

La production est notamment le lieu d’un antagonisme entre travail et capital ; mais, dans ce contexte, nous ne pouvons nous contenter de l’étudier positivement, c’est-à-dire simplement par elle-même. Une dialectique dans laquelle est prise la production est celle qui traverse le produit, en tant que la perspective de sa consommation est ce qui justifie sa production, ainsi que le prolétaire, en tant qu’il est simultanément producteur et consommateur, qu’il ne vend sa force de travail que pour pouvoir consommer les produits de forces de travail : la production et la consommation ne peuvent être étudiés qu’ensemble, opposées et unies dans un tout.

Ainsi, en affirmant le règne de la consommation, l’ordre néolibéral renforce cet antagonisme en écrasant le producteur au nom du consommateur, oubliant qu’ils ne sont que deux aspects d’un même phénomène. Et, ce que reproche Zizek à l’ordre soviétique est rigoureusement l’inverse, c’est-à-dire d’assécher le consommateur au nom du producteur, ce qui procède du même aveuglement. En ce sens, les deux systèmes souffriraient du même défaut mais inversé ; productivisme et consumérisme seraient les deux faces d’une même pièce, sans qu’il soit possible de trancher en faveur de l’un ou de l’autre.

En particulier, la lutte anticapitaliste ne peut pas se concentrer uniquement sur les rapports de production, en considérant par exemple soit qu’ils constituent la vérité « en dernier ressort », qu’ils déterminent l’ensemble du système, soit que ce qu’il est convenu d’appeler « société de consommation » est uniquement un mensonge, un artifice idéologique destiné à les masquer. En ce sens on peut dénoncer le productivisme comme on le fait de l’économisme : pour paraphraser Bourdieu, production et consommation seraient des sphères d’autonomie relative.

L’étude et le développement des forces de production vont donc de pair avec ceux des forces de consommation ; et ceci, comme le fait remarquer à juste titre Aymeric Monville, n’est pas propre à la société capitaliste.

Conclusion

Bien que les concepts défendus par les différentes tendances écologistes méritent sans doute d’être analysés sous un angle marxiste, il me semble peu vraisemblable que l’analyse du productivisme par Slavoj Zizek puisse être vue comme s’y rattachant. Cependant, la question qu’elle pose est non moins fondamentale pour nous mouvements : elle est celle de la nature et du rôle de la consommation dans nos sociétés en évolution vers le postmodernisme.


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