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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 13:46
Voici l'article de notre camarade Jean Quétier
Publié dans L'Humanité spécial jeune

du 25 janvier 2010

Libres Echanges tribunes & idées

« Identité nationale »  : quand l’intitulé conditionne le contenu

Par Jean Quétier, dix-neuf ans, élève à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm, étudiant en licence de philosophie à Paris-I Sorbonne, militant PCF à Antibes.


Le débat, sa forme et ses participants  : où l’indécence se cache-t-elle  ?

On sait toujours comment faire pour écraser l’infâme, mais c’est une autre paire de manches que de débattre avec lui. De la froideur à l’insulte, on hésite, on marche sur des œufs. Il est même possible de fuir au dernier moment quand on estime ne plus avoir d’autre solution. Vincent Peillon connaît bien cela, même si le moment qu’il a choisi pour déserter n’était le dernier qu’en apparence. Soyons d’emblée vigilants  : il y a débat et débat. Contrairement à ce que voudraient nous faire croire les partisans d’une vision un peu mièvre de la discussion, le débat, tout comme sa sœur la démocratie, n’est pas une forme essentiellement et universellement bonne, prête à s’appliquer à tout contenu comme un vêtement prêt-à-porter.Dire qu’il y a débat et débat, c’est dire d’emblée que le débat n’est pas une pure forme, contrairement à ce que la droite voudrait nous faire croire. Tout débat est une forme déjà engagée dans une matière, laquelle n’est évidemment jamais aussi neutre qu’il y paraît. Quitte à singer pour l’occasion la bonne vieille métaphysique aristotélicienne, il ne faut pas hésiter à rappeler que, pas plus qu’une matière informe, il n’existe de forme immatérielle dans le monde des substances composées de matière et de forme dans lequel nous vivons.

Comprendre l’être dans un seul sens, en l’occurrence dans le sens de la forme, relève de l’abstraction fallacieuse. Cela signifie que, paradoxalement, ce qu’un débat peut avoir de choquant n’est pas tant le fait des interlocuteurs en présence que des présupposés qui le structurent. Un débat n’est pas indécent parce que Jean-Marie Le Pen y participe. En revanche, le seul fait d’organiser sur une chaîne publique un débat portant sur une question volontairement ambiguë et fermée, arbitrairement proclamée préoccupation première des Français, a quelque chose d’indécent, dans la mesure où le seul fait de franchir la porte du studio traduit une démarche d’exclusion envers tous ceux qui refusent de se prêter à une définition de soi qui est une finition, de se donner à soi-même des bornes que l’on ne peut pas franchir et au-delà desquelles existent des entités, elles aussi irrémédiablement finies, qui peuplent le royaume vaste et vertigineux de l’autre. Est-ce à dire que Vincent Peillon a « bien fait » de s’éclipser à la dernière minute et à grand bruit de sa confrontation programmée avec Éric Besson et Marine Le Pen  ? La nécessité de la non-participation ne fait aucun doute, le problème n’est pas là. La perversité de l’attitude de Vincent Peillon est à chercher plutôt dans son cœur qui balance, dans son accord préalable pas si subitement renié, pour le dire clairement dans son projet de coup médiatique. Une fois affirmée l’indécence structurelle d’un débat « sur l’identité nationale », une incertitude demeure. Faut-il rester étranger à tout débat avec l’infâme, le populiste xénophobe qui flatte les plus bas instincts  ?

Répétons-le, il ne faut pas fuir un débat pour fuir ses opposants. Un débat dont les présupposés sont acceptables doit plutôt être perçu comme la source d’un devoir de réponse, particulièrement vis-à-vis de la droite la plus extrême. Ce sont des débats auxquels on ne se rend qu’à reculons, le cœur chargé à la fois d’indignation et d’obligation. Ce sont des débats dans lesquels on prend son mal en patience et où il faut savoir rester digne quand ses adversaires déversent leur flot de haine coutumier. Gérard Piel, vice-président de la région Paca, conseiller municipal d’Antibes et tête de liste du Front de gauche dans les Alpes-Maritimes, a ainsi été récemment confronté, lors d’un débat télévisé sur France 3 organisé à l’occasion des futures élections régionales, au Front national et à un représentant des identitaires niçois. Il en a profité pour rappeler à ses interlocuteurs, amateurs de faits divers susceptibles d’étayer leur fonds de commerce sécuritaire, ce que la dignité dans le débat veut dire  : « En politique, il y a une façon de s’adresser aux gens, moi je parle à leur tête et à leur cœur, je ne parle jamais en dessous. »

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