En pleine polémique sur le soutien à la Grèce, l’Allemagne vient de déclarer qu’elle n’exclurait pas pour ce pays « le recours aux ressources du FMI ».
Elle considère que l’Union n’a pas vocation à aider l’un de ses membres en difficulté, et même, si celui-ci ne parvient pas à s’en sortir, il faut le chasser de la zone euro. Elle prouve ainsi que l’ambition proclamée d’assurer une cohésion et une indépendance de l’Europe face au dollar n’aura été que forfanterie.
En cette affaire, Berlin n’est pas isolé, les pays de l’ancienne zone mark et aussi le Royaume-Uni et la Commission lui emboîtent le pas. Il y a quelques mois, Angela Merkel déclarait à propos de la Grèce : « Ce qui se passe dans l’un des États membres affecte tous les autres, surtout dans la mesure où nous avons une monnaie unique, ce qui implique que nous avons une responsabilité commune. » Nicolas Sarkozy proclamait il y a peu : « L’euro implique la solidarité. Il ne peut pas y avoir de doute sur l’expression de cette solidarité. » Où est la solidarité ? La Grèce risque d’être jetée dans les bras du FMI, du « pistolero » monétaire des États-Unis. Le directeur général du Fonds, Dominique Strauss-Kahn, est d’ailleurs omniprésent en Europe, comme s’il avait déjà les clés de la maison. En échange de son aide financière, le FMI pourra soumettre la Grèce, déjà étrillée par les instances européennes sous la pression conjointe de la France et de l’Allemagne, à ses conditions draconiennes.
L’Europe puissance est en train de tomber en quenouille parce qu’elle rime avec finance. Les gouvernements français successifs ont une lourde responsabilité. En rivalité avec l’Allemagne, mais aussi avec un certain suivisme, ils sont coauteurs d’une construction bâtie contre les peuples. Aujourd’hui, le message de l’Allemagne est clair. Elle veut que l’euro continue de jouer le rôle pour lequel il a été conçu, y compris par Paris : celui d’une monnaie avantageuse pour les capitaux. À cette fin, elle annonce qu’elle sera intransigeante sur la question des déficits publics et de l’austérité.
Il revient aux forces de progrès de mettre en échec cette ambition. En France, cela passe par les luttes contre la politique de la droite et du patronat, contre toutes les directives européennes de libéralisation et de mise en concurrence des services publics, contre les politiques d’austérité qui détruisent l’emploi.