Devant la montée des périls en Europe occidentale nous prenons espoir avec la montée des forces de transformation sociale en Amérique latine. Les résultats électoraux au Salvador qui ont donné la victoire au Frente Farabundo Marti aux élections du début de l’année, le succès de Josè Mujica, candidat du Frente amplio, largement élu président de l’Uruguay ; et, pour couronner le tout, la toute récente ré-élection triomphale d’Evo Morales à la présidence de la Bolivie, sont pour nous un encouragement.
Mais pas pour l’aveuglement, car le « ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde» : les forces hostiles à la démocratie, carrément contre-révolutionnaires, à l‘initiative en Colombie et, désormais, au Honduras, pour ne rien dire des périls encourus par le Chili où brûle encore le souvenir de Pinochet et de son mentor américain, Henry Kissinger, qui déclarait, en tout respect de la démocratie, après l’élection de Salvador Allende en 1973 : « Je ne vois pas pourquoi il faudrait s'arrêter et regarder un pays devenir communiste à cause de l'irresponsabilité de son peuple». La proximité des Etats-Unis, foyer de menaces en cette région tenue pour l’arrière-cour des USA, ne se laisse pas oublier.
Au Honduras, Zelaya avait décidé de stopper les privatisations qu’il avait d’abord acceptées. Il avait voulu imposer des impôts aux entreprises et décidé d’augmenter les salaires. Pour éviter d’être paralysé par la Cour de justice, il voulait changer la Constitution de 1982 qui donne la primauté à l’entreprise, diminue les dépenses de l’Etat, et établit que les forces armées sont le garant de la Constitution. C’est là que les putschistes interviennent.
Depuis le coup d’Etat du 28 juin dernier, la situation du Honduras est devenue de plus en plus inquiétante : déploiement de police et de militaires dans les rues de Tegucigalpa, arrestations d’opposants au coup d’Etat, dont plusieurs dirigeants, nombreux assassinats avant les élections-bidon du 29 novembre.
La violence et la répression anti-démocratiques dans ce pays semblent prises à la légère par les grands medias et forces politiques dominantes d’Europe ; certains pays, dont les USA, ont maintenant déclaré qu’ils reconnaissent le nouveau pouvoir qui s’est mis en place. Ici les informations attirent peu l’attention : Tegucigalpa, c’est loin et le Honduras, c’est petit. Mais là-bas, il y a de quoi être inquiets. La situation politique du pays est, depuis la fondation des Etats d’Amérique centrale dans les années 1838-39, dominée par un jeu bipartiste sans alternative politique et économique : « Les partis politiques nous servent à régler en public nos divergences et à les négocier loyalement à l’intérieur de nos alliances d’entreprises et de nos accords économiques », disait en 2007 un homme politique du pays. N’est-ce pas suffisant pour s‘attaquer à ce pays afin de créer une situation d’instabilité en Amérique latine, et aller plus loin en ce sens, dans des pays où les peuples tentent de construire des sociétés libres et démocratiques ?