Loin de s’essouffler, la mobilisation s’est élargie de semaine après semaine : 3,5 millions de manifestants le 12 octobre atteignant des sommets historiques. Le soutien massif de la population ne se dément pas.
Loin de sonner la fin de la lutte, le vote du Sénat n’était qu’une formalité pour le pouvoir et celui-ci est en grave difficulté.
Le travail conséquent de démystification, et d’alternatives , des députés et sénateurs communistes, et Front de gauche, aura participé à la lutte pour le retrait de ce projet de casse de nos retraites par répartition et à la construction d’une réforme de progrès et d’efficacité sociale. Le processus parlementaire doit finalement se poursuivre jusqu’à la fin du mois au moins malgré les pression du pouvoir. Mais comme l’ont déjà montré les luttes victorieuses pour le retrait du CPE, la bataille va continuer et s’intensifier après le vote du Parlement.
Loin de se « fissurer », le mouvement rassemble, permet la convergence des luttes.
Les jeunes ont fait irruption en masse dans le mouvement parce qu’ils ont vu le lien entre les questions d’emploi, de formation et de droit à la retraite. Les parents d’élève se mobilisent. Les batailles pour l’hôpital public affrontent la même attaque contre le financement de la Sécurité sociale. Les luttes pour la défense de l’industrie, pour les salaires sont aussi, solidairement, des luttes pour le financement des retraites. La lutte commune, la victoire possible rejailliront sur toutes les luttes locales ou sectorielles. Oui « tous ensemble »
Loin des media : Où est passé le MEDEF ?
Mme Parisot est-elle aux champignons ? Tout est fait pour que les véritables commanditaires et profiteurs de la casse des retraites n’apparaissent pas, pour déplacer le lieu de l’affrontement hors de l’entreprise. N’oublions pas que les firmes du CAC 40 ont engrangé 41,6 milliards d’euros de profits sur les six premiers mois de l’année, en hausse de 86%. Guillaume Sarkozy frère du président pousse les feux des régimes par capitalisation C’est là qu’il faut frapper, au cœur du système de l’argent pour l’argent.
La perspective est loin de se réduire l’alternative entre une version UMP et une version PS de la « réforme » des retraites.
Les media mettent en avant le PS et son projet.
La diversion : la question immédiate, ce n’est pas ce que « la » gauche ferait en 2012 mais comment on gagne aujourd’hui.
L’enfermement du débat dans le prétendu consensus des partis de l’alternance : le mouvement ne peut gagner sur les propositions officielles actuelles ,contradictoires et ambigues, du PS.
En prévoyant l’allongement de la durée de cotisation, le PS rend illusoire pour le plus grand nombre la retraite à 60 ans. Il s’inscrit dans les orientations de l’UE. Martine Aubry reproche surtout au gouvernement sa méthode et vante l’exemple allemand d’une « réforme concertée » qui a abouti à la retraite à 67 ans ! Le projet PS veut augmenter la CSG et dégager encore plus le patronat en la fusionnant avec l’impôt sur le revenu.
Toute l’intox médiatique, la campagne idéologique du pouvoir visent à détourner des possibilités de gagner tout de suite, sur la base d’un rapport de force inédit depuis 1995 voire 1968. Communistes, nous mettons toute notre action dans cet objectif pour ouvrir la perspective politique.
Retrait du projet de la loi Woerth ! Plus que jamais le mot d’ordre !
C’est la revendication fédératrice immédiate. Peu importe les mots : que l’on « rejette » le projet de loi, que l’on « s’y oppose », que l’on soit « contre », qu’on demande « l’arrêt de son examen au Parlement » : tout cela revient à revendiquer le retrait. Il faut le dire clairement.
C’est un préalable indispensable à toute alternative de progrès pour les retraites. Aucune n’est imaginable sans la mise en échec du cœur du projet : la fin de la retraite à 60 ans, le report des âges de départ à 62 et 67 ans. Aucun point n’est négociable, pas plus la remise en cause de la médecine du travail que la baisse des salaires nets des fonctionnaires…
Gagner le maximum à l’action
Avec 71% de soutien à la lutte, déjà 3,5 millions de manifestants, le potentiel existe pour des actions de masse, encore plus fortes, qui touchent aux intérêts économiques du patronat, en particulier la grève. A l’inverse, le gouvernement ne manquera pas d’exploiter les initiatives isolées, sans issue, les opérations commandos, de petits groupes qui se croient « radicaux » mais se coupent en fait des travailleurs, des collègues.
Certains secteurs ont ouvert la voie en engageant déjà la grève reconductible à un haut niveau notamment les ouvriers des raffineries et les cheminots. Ces derniers jours, des actions symboliques ont montré la permanence de la lutte avant le 19 octobre, journée qui peut et doit être le point de départ de la bataille décisive pour faire plier le gouvernement.
Après, après celle du 2, le succès de la manifestation du samedi 16 octobre, la question se pose encore davantage de créer les conditions d’une entrée en grève, sous des formes adaptées, des salariés pour qui c’est encore plus difficile ou plus inhabituel.
Une impulsion nationale sur des objectifs clairs peut aussi raviver la mobilisation dans des secteurs qui se sont beaucoup battus, qui ont « beaucoup donné » ces dernières années.
L’alternative politique est dans les luttes de résistance et la construction de l’alternative à partir de rassemblements sur des contenus novateurs .
Pour les retraites, l’alternative, c’est la défense, la reconquête et la promotion du système solidaire par répartition. Le droit effectif à la retraite à 60 ans (à taux « plein » - 75% avec les régimes complémentaires obligatoires par répartition) pour tous passe par le retour aux 37,5 annuités ou moins avec l’exigence de la réducion du temps de travail pendant toute la vie (55 ans avec bonifications pour les métiers reconnus pénibles).
Cela correspond à une réalité. La durée des carrières est actuellement (hors bonifications) de 36 ans. Elle ne s’allongera pas, selon le COR lui-même (37 ans dans les années 2020). L’âge moyen d’entrée sur le marché du travail se situe entre 21 et 22 ans.
Cette référence renvoie aussi au rôle central de la cotisation sociale, part socialisée du salaire et contribuant à la reproduction de la force de travail, en dehors de la sphère marchande.
Liée solidairement à l’emploi et aux salaires, la cotisation sociale constitue un prélèvement direct, sans accumulation financière, sur la création de richesses. Abaisser le chômage et la précarité, augmenter les salaires, augmenter les cotisations patronales, supprimer les exonérations (33 milliards d’euros par an) : c’est le plus sûr moyen de prendre sur les profits, de financer nos retraites en réorientant l’argent.
Gagner le retrait de la loi Woerth, le maintien de la retraite à 60 ans, à taux plein, c’est un enjeu politique général. En revenant sur cet acquis historique, le pouvoir veut avoir les mains libres pour accélérer encore sa politique antisociale.