Ce blog est un lieu de réflexion et de débat pour les communistes du 5ème arrondissement de Paris. N'hésitez pas à participer aux discussions et à donner votre avis !
Voici l'intervention que Cécile, déléguée du PCF 5e à l'Assemblée Nationale Extraordinaire des communistes qui a eu lieu ce week-end, aurait aimé prononcé. Sa demande d'intervention n'a malheureusement pas été retenue... à défaut d'être publiée dans Communistes, la voici donc sur le blog du 5e !
Dans la section du 5e, nous sommes nombreux à avoir adhéré au PCF récemment. Notre activité militante a beaucoup progressé ces dernières années, et dans le contexte actuel de luttes, en particulier dans les universités, il est évident pour nous que le PCF est non seulement utile, mais nécessaire.
Cela ne nous empêche pas de formuler beaucoup de critiques et d’exigences vis-à-vis de notre parti : nous voulons être formés, et nous trouvons que l’offre de formation et très insuffisante. Mais surtout nous voulons être véritablement impliqués dans les décisions : la démocratie ne peut pas se réduire à des consultations à répétitions sur des bulletins incompréhensibles et alambiqués !
J’ai adhéré il y a un an au PCF sans même m’interroger une seule seconde sur la question de la démocratie au sein du Parti. Aujourd’hui je lis le mandat et un tas de choses m’échappent…Aucune position claire, seulement des discours politiciens. Beaucoup de « je suis contre » ou « ça ne peut plus durer » mais aucune position précise sur les véritables desseins de certains. Dans ces conditions, il est dangereux de voter un mandat flou et ambigu, laissant ouvertes trop de portes sans aucun garde-fou. La souveraineté des militants communistes passe par la clarté du mandat donné ce week-end à notre direction.
Trop de passages semblent vouloir tout dire et son contraire. Si nous ne voulons pas nous diviser demain sur l’interprétation de ce mandat, nous devons faire des choix clairs dès aujourd’hui. Ainsi que signifie « ne fermer aucune piste », « n’exclure aucune hypothèse » ? Est-ce que cela veut dire le CN peut engager dès demain un processus de dissolution du PCF et de création d’une nouvelle organisation, malgré l’attachement majoritairement exprimé par les communistes à leur parti ? Pour créer les conditions d’un débat serein, ne faudrait-il pas au contraire dire dès maintenant que nous ne voulons pas donner carte blanche pour ce type d’ »expérimentation » ? Le point 5) pose aussi problème : « Il s’agit de permettre la réflexion et l’expérimentation (amis cobayes bonjour !) sur la façon dont les rassemblements peuvent s’élargir, s’approfondir et construire ainsi durablement des rapports de forces favorables à l’émancipation humaine ». Mais les vrais problèmes ne sont pas évoqués : avec qui on se rassemble ? qui sont ces forces ? pour quoi ? dans quel cadre ?
On « imagine », on « chemine », on « actualise la notion de communisme », on « vise », on « invente », on « métamorphose »… Derrière les mots se cache tout et son contraire !
Comment sans un mandat clair et rédigé sans circonvolutions inutiles, pourrions-nous demain défendre un projet affirmé et offensif ? Comment prendre toute notre place au sein des mouvements sociaux ? Comment s’adresser aux gens ? retrouver un mode d’échange franc et sincère si on ne sait pas, aujourd’hui ce que porte le projet communiste ? Comment être militant convaincu si la confiance en la direction du parti est rompue ? Si l’information ne circule plus, si le débat est biaisé ?
Le Parti est ses militants. Il n’est pas une « chose » indépendante qui évoluerait au gré des humeurs de quelques uns. La partition n’est pas écrite par les uns pour être jouée par les autres ! C’est dans la participation pleine et entière de chaque militant à la vie du PCF que se construit le projet communiste. Les orientations et les choix qui sont pris doivent émaner de lui. C’est pourquoi j’espère que pourra apparaître plus clairement dans les décisions de l’AGE notre volonté de modifier et de démocratiser le fonctionnement du PCF. Notre section a fait quelques propositions en ce sens. En particulier, nous pensons que le prochain Congrès devra choisir une direction renouvelée, réduite et en adéquation avec les orientations décidées par les militants.
Je suis communiste et fière de l’être. Aujourd’hui, les universités se battent et je me bats en tant qu’enseignante-chercheuse précaire pour préserver la culture du savoir et de la connaissance. Et pourtant en AG, est-ce que les étudiants, les personnels voient une communiste à leur côté ? est-ce qu’ils veulent une communiste à leur côté ? Les communistes ont une place dans ce combat, mais le message que nous portons n’est pas clair. Alors travaillons ensemble à prendre les décisions qui nous permettront d’apporter quelque chose aux luttes, et qui nous donneront envie de nous mobiliser.